Exposition consacrée à Paul Klee par le Centre Pompidou

Le Peintre Caméléon

Publié par arman - samedi 2 juillet 2016, 18:54 | Voir les avis

moderne

C'est une grande exposition consacrée à l'un des piliers de l'Art Moderne que propose jusqu'au 1er août le Centre Pompidou. Le Musée présente en effet une rétrospective de l'oeuvre du suisse allemand Paul Klee, artiste pionnier de l'Abstraction du début du XXème siècle.

Sur les dizaines d'oeuvres exposées (plus de deux cent si l'on compte les dessins à ses débuts), beaucoup proviennent du centre d'art de Berne qui porte aujourd'hui son nom. Et l'observation d'une bonne vingtaine, on pourrait dire seulement si leur qualité et originalité n'étaient pas exceptionnelles, vous pousseront à vous arrêter sans passer votre chemin. Celles de la période dite constructiviste (peintes pendant les années 1920) sur lesquelles nous nous attarderons, sont sûrement les plus étonnantes et très près en plus de faire de Paul Klee le véritable génie de la Peinture Abstraite.

En outre, même s'il n'a pas eu sa Période Bleue ni Rose, Klee comme Picasso est un artiste brillant et protéiforme, capable d'inventer de nombreux styles, de nombreuses "manières", et d'utiliser tout type de support jusqu'ici inconnus pour arriver aux fins artistiques désirées.

Constructiviste 

Néanmoins, Klee, compagnon de Kandinsky comme professeur à l'Ecole d'Art du Bauhaus, cultivait surtout un style semi-abstrait qui, dans la mouvance constructiviste, lui a servi pour pousser son talent le plus loin. C'est ce que tend à prouver le duo de toiles ci-dessus et dessous qui constituent probablement le clou de la visite.

Croissance des plantes - 1921 - Centre Pompidou

Roseraie - 1921 - Musée Lenbachhaus, Munich

<
>

Représentant des plantes qui croîtraient à vue d'oeil - Croissance des plantes - 1921 - Centre Pompidou - ces monticules de "piècettes" jaunes d'or et leur base semblent avoir un don de lévitation. Les trompe-l'oeil en peinture sont bien connus mais ce que Paul Klee invente là, et de manière saisissante, c'est tout simplement l'Art Cinétique trente ans avant ses débuts, célébré par la fameuse exposition "Dynamo" du Grand Palais.

Dans le second tableau, également un trompe-l'oeil - Roseraie - 1921 - Musée Lenbachhaus, Munich - des boutons de roses semblent avoir été collés sur une vue de haut d'une bourgade. Le quadrillage serré évoque un urbanisme dense et une construction géométrique, mais la pierre dont sont composées les habitations semble imbibée d'une eau teintée de la couleur des pétales. Injectée discrètement à l'ensemble de la toile, elle l'a fait baigner dans une ambiance de roseraie, les maisons et les clochers semblant être les gracieuses plantes de cette ville-parterre idéale.

La Fenêtre - 1922 - Collection particulière

Feu à la pleine lune - 1933 - Musée d'Essen

<
>

Cette fenêtre bleue - La Fenêtre - 1922 - Collection particulière - aussi phosphorescente qu'un vitrail, beaucoup plus phosphorente même en vrai, c'est comme une invitation surnaturelle, une porte s'ouvrant sur un paysage encore trouble de l'extérieur car abstrait et déconstruit, mais où les triangles rouges représentés, uniques indices figuratifs, rappelllent pourtant un vrai paysage, le toit d'une église de village. Cadre dans le cadre, Klee nous rappelle avec la Fenêtre que la toile est une lanterne magique et que l'Art porte en lui une lumière immanente capable de nous donner à voir.

Dans Feu à la pleine lune - 1933 - Musée d'Essen, Paul Klee nous suggère l'atmosphère d'une vieille demeure aux recoins confinés. Sa cheminée au feu rougeoyant, qui étouffe comme les braises sous le couvercle d'une âtre, envie la liberté de la lune qui apparaît à travers la lucarne, jaune et vive, impassible.

Page suivante >>

Pas d'avis pour l'instant.
Publier un commentaire :