Rétrospective de l'expressionniste américain Mark Tobey jusqu'au 12 février

Tobey or not Tobey ?

Publié par arman - jeudi 21 janvier 2021, 11:15 | Voir les avis

contemporain moderne

La galerie Jeanne Bucher Jaeger propose en ce moment une large rétrospective du peintre américain Mark Tobey (1890-1976), dont elle promeut les oeuvres dans toute l'Europe depuis les années 1950.

Le fait qu'il ait été inclus par la Tate dans une exposition consacrée à la Peinture Américaine en compagnie d'artistes de sa génération comme Jackson Pollock et Willem De Kooning ne pouvait qu'attirer notre attention. La découverte par la suite de certaines oeuvres dans l'exposition nous a définitivement poussé à en parler ici. 

Mark Tobey s'est souvent défendu d'être un peintre abstrait considérant que les motifs formels qu'il reproduit sur la toile, s'inspirent ou sont ceux rencontrés dans la Nature. Cela paraît parfois être la limite de l'artiste car de la quarantaine de toiles qui occupent tout l'espace de la galerie, un bon nombre, d'un savoir-faire certes irréprochable, peuvent parfois nous rappeler des motifs bruts vus ailleurs, une simple pièce de marbre par exemple.

Mais l'exposition recèle au moins trois petits bijous, dont deux chefs d'oeuvre qui laissent percevoir un très grand talent chez l'artiste.

Image (1970)

Ci-dessus grâce à leur dégradé blanc rouge, les petites papillottes de Image (1970) produisent en multitude une impression de volume démultipliée. L'artiste étonne en outre le spectateur en obtenant ce que tout peintre recherche, une forte impression de lumière, celle qui se dégage du I central blanc. Deux impressions contradictoires se dégagent alors en même temps du tableau et s'entremêlent : l'une d'une lumière forte et concentrée, l'autre d'un volume global désagrégé. La lumière se disperse et se matérialise en granuleux photons qui flottent les uns contre les autres.   

Tablet of the Past and the Future (1960)

Tout comme la madeleine pour le narrateur d'« A la recherche du temps perdu », cette feuille luisante qui concentre la surface de la toile à l'intérieur du cadre nous rend perplexe. Peut-être parce qu'elle suscite une réminiscence de notre enfance en rappelant par sa forme et sa couleur la croûte d'une tarte tatin ou une feuille de nougatine. Sans aller jusqu'à lui mettre l'eau à la bouche, la conception nervurée à l'aspect naturel de Tablet of the Past and the Future (1960) interpellent le visiteur.  

Pour finir un petit chef d'oeuvre et la seule toile manifestement figurative de l'exposition :

Untitled -1940

Difficile de savoir si cet oiseau à l'oeil observateur est déjà mort ou vivant. A l'instar du poisson blanc posé à plat sur lui, il donne envie de passer la main sur son plumage qui semble s'être imbibé du rose environnant. La scène quasiment abstraite est contruite avec des éléments en apparence peu nombreux et simples, et pourtant rarement nature morte aura dégagé autant d'équilibre et de douceur. 

L'exposition qui continue jusqu'au 12 février à la galerie Jeanne Bucher Jaeger vaut le détour au moins pour ces trois tableaux.

Pas d'avis pour l'instant.
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